La Gazette des Communes
Publié le 10/11/2021 • dans : Actualité Culture, France
Les élus en renfort des bibliothécaires contre le passe sanitaire
Restés jusqu’à présent discrets sur la question du passe sanitaire en bibliothèque, au nom du respect des dispositifs anti-covid, les élus locaux réclament désormais haut et fort l’assouplissement de cette mesure, à l’unisson avec les professionnels.
Le contexte serait-il favorable à une remise en cause du passe sanitaire en bibliothèque ? L’ Association des maires ruraux de France (AMRF) et la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC) semblent le croire. Les deux associations d’élus ont fait leurs les arguments des professionnels pour réclamer un « assouplissement » du passe sanitaire dans les équipements de lecture publique.
Un texte qui sanctuarisera bientôt le libre accès aux bibliothèques
La FNCC bat le rappel des élus depuis le 2 novembre, en invoquant notamment « l’esprit » de la proposition de loi sur les bibliothèques et le développement de la lecture publique, défendue par la sénatrice Sylvie Robert. Un texte qui, manifestement, donne indirectement du poids aux arguments des élus.
Le texte, adopté à l’unanimité au Sénat (le 9 juin), puis à l’Assemblée nationale (le 6 octobre), devrait faire l’objet d’un vote définitif en séance le 16 décembre. Dans son article 1, il dispose que les bibliothèques territoriales garantissent « l’égal accès de tous à la culture, à l’information, à l’éducation, à la recherche, aux savoirs et aux loisirs, ainsi que de favoriser le développement de la lecture. »
Elus et professionnels sur les mêmes arguments
Et les élus à la culture de reprendre un à un les arguments développés par les bibliothécaires depuis le 21 juillet, date d’entrée en vigueur du passe sanitaire. A savoir :
- la liberté d’accès et la gratuité de ces équipements ;
- l’absence de brassages de population importants (en comparaison d’autres lieux commerciaux ou publics beaucoup plus fréquentés où le passe sanitaire n’est pas imposé) ;
- le rôle d’équipement de proximité des bibliothèques, « notamment d’un point de vue social pour l’accès aux services numériques, à l’éducation et à l’information », martèle la FNCC ;
- l’existence d’une exception, prévue pour les bibliothèques universitaires, la Bibliothèque nationale de France (BnF) et la Bibliothèque publique d’information (Bpi), et pour tout lecteur venant faire des travaux d’étude et de recherche.
Les petites bibliothèques rurales « indispensables »
L’ AMRF a emboîté le pas à la FNCC le 9 novembre, en insistant sur le fait que « les bibliothèques publiques rurales sont des équipements de petite taille, sans brassage important de visiteurs. »
Les élus ruraux, eux aussi, font valoir « les missions multiples » assurées par les bibliothèques, équipements « indispensables » pour « l’accès aux services numériques, à l’éducation et à l’information ».
L’hypothèse parlementaire s’est refermée
En fait, les élus espéraient que le débat sur la loi de vigilance sanitaire serait l’occasion d’ouvrir une brèche vers un assouplissement général de ce dispositif. « Les maires ruraux de France auraient souhaité que cet assouplissement soit discuté à l’occasion du débat parlementaire sur la prolongation d’obligation du passe sanitaire », explique par exemple Yvan Lubraneski, vice-président de l’AMRF, en charge de la culture et signataire du communiqué au nom du bureau.
Espoirs déçus, puisque la loi de vigilance sanitaire, qui, entre autres, proroge l’application du passe sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022, a été validée par le Conseil constitutionnel le 9 novembre.
Exception « étude-recherche » : incohérence ou cohérence ?
Restent, pour les détracteurs du passe sanitaire en bibliothèque, les interpellations du ministère de la Culture, déjà nombreuses. A chaque passage au Palais-Bourbon, la ministre Roselyne Bachelot repousse les demandes répétées de certains députés. La locataire de la Rue de Valois rappelle la persistance de la pandémie, la nécessaire rigueur sanitaire, et le fait que la question du passe sanitaire relève de son collègue à la Santé Olivier Véran.
Quant à l’argument d’une exception existant pour les visites en bibliothèque pour des raisons d’étude et de recherche, pointée par les élus et les professionnels comme une contradiction, donc une faille, le ministère la justifie, au contraire, par un souci de mise en cohérence avec les équipements universitaires et les activités d’enseignement et de recherche.