Ouest-France
Propos recueillis par Dominique GUILLOT.
Publié le 02/07/2018 à 05h01

Jean-Jacques Aillagon : « La collection Pinault est particulièrement ouverte sur le monde »

L’exposition intitulée Debout ! réunit, jusqu’au 9 septembre des œuvres de la Collection Pinault dans le Couvent des Jacobins, à Rennes. Entretien avec Jean-Jacques Aillagon, directeur général de Pinault Collection.

L’ancien ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon est aujourd’hui directeur général de Pinault Collection. Il a été la cheville ouvrière de l’exposition Debout !, à Rennes jusqu’au 9 septembre. Entretien.

Quelle est la singularité de la Collection Pinault ?

La collection Pinault est avant tout la collection d’un homme, soumise à l’unique logique de la passion. Les œuvres ont été aimés par François Pinault et c’est le seul fil directeur. Il n’y a pas d’autres projets de rationalisation. Elle compte de l’art abstrait, du figuratif, du conceptuel, de la peinture, de la sculpture, de l’installation, du cinéma, de la photographie… c’est la sédimentation des passions successives d’un homme.

Une autre de ses caractéristiques est de réunir de grands ensembles d’œuvres des mêmes artistes. Il ne s’agit pas d’échantillonnage, mais d’un fond cohérent qui suit le développement du travail des artistes. Enfin, c’est une collection qui s’attache à la scène locale, nationale et plus largement européenne et internationale. Elle est particulièrement ouverte sur le monde.

Où existe-elle physiquement ?

Elle rassemble aujourd’hui plus de 3 000 œuvres et n’est montrée nulle part de façon extensive. Elle est dans des réserves et même la Bourse du commerce, à ouvrir en 2019 à Paris, ne sera pas destinée à cela. Mais nous montrons régulièrement des œuvres dans le monde.

À Venise, depuis l’ouverture du Palazzo Grassi il y plus de 10 ans, et ailleurs, avec des prêts pour des expositions temporaires, plus de 1 500 œuvres ont rencontré le public. Il est intéressant pour l’art contemporain, de renouveler les accrochages pour ainsi renouveler l’intérêt du public. De plus, il ne cesse d’évoluer et la collection avec.

Quelle est votre conception d’une exposition hors les murs réussie et votre sentiment sur Debout ! ?

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Une exposition réussie, c’est une exposition dans laquelle il existe une bonne relation entre le lieu et les œuvres. Une chose parfaitement réussie ici ! C’est aussi une exposition ou il existe un rapport d’intelligence entre le titre et les œuvres sélectionnées. Debout ! souligne la résistance des artistes à la fatalité du monde. Elle est lisible par tous les visiteurs, même non avertis en matière d’art contemporain. En cela, elle est intelligente, juste et belle.

Comment est née Debout ! ?

Nous avions présenté des œuvres à Dinard il y a une dizaine d’années et Sylvie Robert avait une première fois lancé l’idée d’une exposition à Rennes. Se posait la question du site. L’ouverture du Couvent des Jacobins a été providentielle. C’est le lieu qu’il nous fallait, même s’il n’est pas destiné à des expositions à l’origine. L’exposition permet d’ailleurs aussi à tous les Rennais de venir dans ce lieu exceptionnel.

Au-delà des grandes œuvres et de leurs signatures célèbres, la collection accompagne des artistes plus jeunes et moins connus ?

La collection rassemble effectivement des stars internationales, mais elle a toujours manifesté de l’intérêt pour les talents en train de naître, de s’épanouir. C’est le sens de la création de la résidence à Lens, qui permet à des artistes de travailler un an. C’est aussi une façon de prendre des risques, de voir si l’œuvre sera consacrée par le temps.

Nous y avons notamment accueilli le brésilien Lucas Arruda qui clôt l’exposition. Il commence à être très reconnu avec des expositions à Bruxelles, Bâle, New York… Et j’espère que le public et la presse s’intéresseront aussi à Vincent Gicquel, présenté au Couvent et à la Criée. Il le mérite.