Concentration des médias : « un rapport de référence », selon la sénatrice Sylvie Robert

Au terme de six mois de travaux et 48 auditions, le Sénat a rendu un rapport de 380 pages relatif à la concentration dans les médias. Au-delà des 32 préconisations, la sénatrice socialiste Sylvie Robert, vice-présidente de la commission d’enquête, souligne le document de référence que constitue ce rapport.

Sylvie Robert, sénatrice socialiste d’Ille-et-Vilaine.
Sylvie Robert, sénatrice socialiste d’Ille-et-Vilaine. | ARCHIVES

« Un document de référence qui fait œuvre d’utilité publique » : c’est le sentiment de la sénatrice socialiste Sylvie Robert, aux lendemains de la publication des travaux du Sénat sur les processus de concentration dans les médias français. La parlementaire d’Ille-et-Vilaine était vice-présidente de la commission d’enquête du Sénat qui a travaillé pendant six mois et mené 48 séances d’auditions.

Entretien

Sylvie Robert, sénatrice socialiste d’Ille-et-Vilaine, vice-présidente de la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias en France.

Le Sénat a rendu un rapport sur la concentration dans les médias en France. Que retenez-vous de ce travail ?

Après six mois de travail, 48 séances et 80 personnalités auditionnées, la commission d’enquête a rendu un rapport de 380 pages. Une dernière réunion a eu lieu mardi 29 mars 2022 qui a duré plusieurs heures car il y avait quelques divergences, notamment entre nous et les élus LR. Mais nous avions tous le souhait d’aboutir. Ce rapport est une mine d’informations assez incroyable sur la situation des médias en France mais aussi une analyse d’autres pays européens. C’est un document de référence qui nous aidera beaucoup. Le rapport est librement accessible en ligne. J’invite tous ceux qui s’intéressent aux médias et au-delà de ça aux enjeux citoyens et démocratique à le lire. C’est un document factuel qui fait œuvre d’utilité publique.

Quels sont les enseignements de ce rapport ?

D’abord une précision : il n’y a pas de conclusions et de positionnement qui amènerait à dire qu’il y a concentration et une atteinte au pluralisme et à l’indépendance des médias en France. Chacun peut lire le rapport et faire son opinion. Il ressort de ces mois de travail et d’auditions 32 préconisations, dont une importante appelant à la réforme de la loi de 1986 sur les médias qui n’intégrait évidemment pas dans son époque à l’époque la question des plateformes numériques et des réseaux sociaux. Ces systèmes sont devenus avec le temps des éditeurs mais sans les contraintes et les obligations des médias « classiques » et qui captent une part de leurs ressources publicitaires. Le rapport aborde aussi le monde de l’édition qui est dans l’actualité, notamment avec le rapprochement des groupes Vivendi et Lagardère qui a eux seuls représenteraient près de 80 % de la littérature en général et 74 % de l’édition scolaire !

Que trouve-t-on dans les préconisations ?

Outre la nécessité de réformer la loi de 1986, nous sauvons le financement de l’audiovisuel public. La redevance télé va disparaître mais les sénateurs ayant travaillé sur le sujet ont souhaité, à l’unanimité, une ressource fiscale autonome pérenne de l’audiovisuel public.

Dans l’optique de renforcer l’indépendance et l’éthique des médias et prévenir des conflits d’intérêts, nous préconisons la nomination d’un administrateur indépendant dans les conseils d’administration des médias, renforcer les comités d’éthique et renforcer l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, ex-conseil supérieur de l’audiovisuel, CSA). En tant que socialistes, nous aurions voulu que le rapport aille plus loin en proposant que la nomination d’un directeur de publication ou de rédaction soit validée par au moins 60 % de la rédaction. Cette idée figure dans la contribution des sénateurs socialistes jointe au rapport.