LE 17 FÉV 2022 Par Public Sénat

Rachat d’Hachette par Bolloré : « Ne vous trompez pas d’ennemi. L’ennemi, ce sont les Gafam », estime Arnaud Lagardère

Rachat d’Hachette par Bolloré : « Ne vous trompez pas d’ennemi », insiste Arnaud Lagardère

Auditionné par la commission d’enquête sur la concentration des médias, Arnaud Lagardère a tenté de répondre aux craintes des acteurs de l’édition.

« Je peux vous faire une réponse rapide. Je ne suis autorisé à ne rien vous dire pour la simple bonne raison que ce n’est pas moi, ni Vivendi qui va décider, ce sont les autorités à Bruxelles ».

Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias, Arnaud Lagardère, PDG du groupe éponyme, a été interrogé par la sénatrice socialiste, Sylvie Robert sur les implications pour le monde de l’édition de la prochaine offre publique d’achat du groupe Vivendi sur Lagardère. Le premier contrôle déjà un géant du secteur : Editis. Quand Lagardère a dans son escarcelle le premier éditeur français : Hachette livre.

Ce rapprochement doit obtenir l’aval de la Commission européenne. La création d’un mastodonte de l’édition serait particulièrement notable dans le domaine des livres scolaires où ce groupe éditerait 68 % des manuels, ou les livres de poche (55 %).

Vivendi pourrait se défaire de certaines maisons d’édition pour rester dans les clous des règles de concurrence. Rien qui ne puisse rassurer les acteurs de l’édition, auditionnés mercredi devant les sénateurs. Un « vrai risque démocratique et civilisationnel » et d’un péril pour la diversité éditoriale », a mis en avant, Christophe Hardy, président de la société des gens de lettres, dans cette audition où l’ombre de Vincent Bolloré a plané.

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« Ne vous trompez pas d’ennemi. L’ennemi il n’est pas en France, ce sont les Gafam », a répondu Arnaud Lagardère. Il y a quelques semaines, devant les sénateurs, Vincent Bolloré s’était lui aussi justifié en disant vouloir lutter contre les Gafam.

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« Je ne vois pas pourquoi il nous serait interdit d’avoir de l’ambition, même en France, au nom d’une pseudo concentration, qui de toute manière sera réglée par Bruxelles. Ça ne sert à rien de crier avant d’avoir mal », a poursuivi le PDG du groupe Lagardère.

Arnaud Lagardère n’a pas non plus souhaité donner des pistes sur les maisons d’éditions qui pourraient être cédées pour que l’opération réussisse. « Je ne veux pas que les gens, chez Editis ou chez nous, anticipent des catastrophes, des découpages… Même si on sait qu’il y a des secteurs où on sera extrêmement dominants, ce qui pourra poser des problèmes à Bruxelles. Maintenant, quand je vois TF1, RTL et M6 à 70 % de parts de marché dans la TV, je me sens un peu mieux », a-t-il « taquiné », en référence au projet de fusion entre les deux groupes de l’audiovisuel privé.

Publié le : 17/02/2022 à 17:32 – Mis à jour le : 17/02/2022 à 17:32