Ouest-France Recueilli par Yann-Armel HUET. Publié le 

ENTRETIEN avec Sylvie Robert, Sénatrice.
Covid-19 : demain, faudra-t-il présenter un test négatif à l’entrée des festivals ?

Une mission sénatoriale formule douze recommandations pour rouvrir les musées, cinémas, monuments et salles de spectacle dès la fin du confinement. Elle penche en faveur d’un pass sanitaire pour les festivals. Pour sa vice-présidente, la sénatrice socialiste d’Ille-et-Vilaine Sylvie Robert, « fermer les lieux de culture était une erreur ».

Pour le Sénat, l’accès aux festivals pourrait se faire demain avec un pass sanitaire.
Pour le Sénat, l’accès aux festivals pourrait se faire demain avec un pass sanitaire. | OUEST-FRANCE – FRANCK DUBRAY

sénatoriale a été chargée d’évaluer les effets des mesures de confinement et de restrictions d’activité, alors que les lieux de culture n’ont encore aucune visibilité pour leur réouverture. Elle vient de rendre public, ce mardi 13 avril, douze recommandations pour rouvrir les musées, cinémas, monuments et salles de spectacle dès la fin du confinement. Entretien avec Sylvie Robert, sénatrice socialiste d’Ille-et-Vilaine, et vice-présidente de cette mission.

Une mission dont vous êtes la vice-présidente au Sénat, vient de produire 12 propositions pour rouvrir les lieux culturels, musées, cinémas et salles de spectacle dès la fin du confinement. Est-ce vraiment possible ?

Oui. On propose de les rouvrir en format assis, dès la levée des mesures de restrictions. On ne sait pas quand ces mesures seront levées. On a avancé début mai, mi-mai… On laisse le gouvernement décider en fonction de l’évolution de la pandémie de Covid-19. Mais il nous semble important de rouvrir les lieux de culture, il est urgent de donner des perspectives à ce secteur.

Avoir fermé la culture, depuis un an, de façon uniforme sur tout le territoire sans penser à la rouvrir progressivement, a des conséquences très fortes. D’abord sur les acteurs eux-mêmes. Mais aussi sur la population. On verra les conséquences psychologiques derrière, avec le manque de respiration, la perte de sens…

Sylvie Robert, sénatrice socialiste d’Ille-et-Vilaine. | DR – EMMANUEL PAIN

« La culture n’est pas un lieu de contamination »

Vous vous dites pour l’obligation d’un pass sanitaire pour les festivals et spectacles de grandes jauges : il faudrait présenter, avec son ticket, un certificat de vaccination ou un test négatif ?

Ce n’est pas pour aller au cinéma ou aller voir un spectacle. Mais pour les festivals à grandes jauges. Un pass sanitaire peut limiter les contaminations et donner confiance au public.

Après il y a des choses à régler : sur un festival d’une semaine, faudrait-il présenter un pass sanitaire seulement au début ou le renouveler à mi-festival ? C’est très compliqué et à travailler.

En revanche, il faut exclure l’instauration du passeport vaccinal tant que l’ensemble des citoyens n’est pas mis en situation de se faire vacciner.

Selon vous, la fréquentation des lieux culturels n’est pas associée à un surrisque d’infection par le coronavirus. Les fermer était une erreur ?

Il n’existe aucun fondement scientifique à maintenir tous les lieux culturels fermés. Il n’y a pas eu de clusters observés. Dans les autres pays, la culture n’est d’ailleurs pas un lieu de contamination à partir du moment où on met en place toutes les règles en vigueur. Les fermer aussi longtemps, sans travailler à leur réouverture, sans leur donner de visibilité, un cadre pour travailler sur des jauges progressives, oui, était une erreur.

Vous souhaitez accélérer et amplifier l’expérimentation de concerts-tests debout ?

Oui, je suis avec beaucoup d’attention l’expérience qui pourrait être menée à Saint-Malo, par les organisateurs du festival No Logo BZH, des scientifiques du CHU de Rennes, et l’École des hautes études en santé publique de Rennes (2 000 spectateurs sont attendus en plein air, en mai, pour deux jours de musique, N.D.L.R.). Le protocole a été déposé aux ministères de la culture et de la santé. Cela permettrait de voir clairement les facteurs de contamination, où sont les risques, etc.

« Les chiffres donnent froid dans le dos »

Pour vous, la reprise doit se décider localement ?

Absolument. On souhaite territorialiser la reprise, c’est-à-dire travailler en lien avec les préfets, les collectivités, directeurs de lieux et de festivals, pour des réouvertures par paliers successifs, en fonction des jauges, de la taille des espaces… Et du coup, confier la décision de redémarrage aux préfets, au cas par cas, en fonction du protocole sanitaire que les organisateurs présentent et de leurs engagements en matière de contrôle.

Autre proposition : instaurer une garantie financière de l’État pour le redémarrage ?

L’État a été au rendez-vous pour empêcher les faillites. Mais les chiffres donnent froid dans le dos : pour le spectacle vivant musical et de variété, c’est 80 % de perte de chiffre d’affaires. Pour le cinéma, 70 %.

Les acteurs de la culture ne vont plus pouvoir tenir : ils n’ont plus de trésorerie et les assurances n’ont pas joué le jeu. On demande donc à l’État de se porter garant pour le redémarrage, en particulier en ce qui concerne les festivals, afin de pallier ce retrait des assurances.

Il faut aussi que l’année blanche des intermittents soit prolongée au-delà du 31 août 2021, que le fonds de compensation de trente millions d’euros pour les festivals soit augmenté, car il est beaucoup trop faible… Ce n’est pas le moment d’arrêter les aides.

Ouest-France Recueilli par Yann-Armel HUET. Publié le