Mon communiqué

Pour notre patrimoine, de la cohérence et de la constance !

Le patrimoine n’est pas seulement un levier pour l’attrait touristique de la France, il participe aussi de l’accès du plus grand nombre à la Culture, tout en permettant aux territoires de développer leur attractivité ou de revitaliser leur centre-ville. Le succès, toujours grandissant, des Journées du Patrimoine témoigne de l’attachement des Français à sa protection.

Pour autant, si État, parlementaires et élus locaux semblent s’accorder sur l’importance de la question patrimoniale, les choix politiques du gouvernement laissent poindre de fortes inquiétudes. Tout d’abord, le projet de loi ELAN est porteur de mesures attentatoires au patrimoine, comme l’a récemment et justement démontré Stéphane Bern.

La fin de l’avis conforme de l’architecte des bâtiments de France (ABF), en cas d’opérations de lutte contre l’insalubrité ou lors de l’implantation de nouvelles antennes relais, est doublement pernicieuse ; non seulement elle envoie un mauvais signal, mais surtout, cette première encoche fait craindre une multiplication des dérogations à l’avis conforme de l’ABF, pourtant si essentiel à la sauvegarde du patrimoine.

A l’instar d’autres sujets, l’exécutif fait preuve de manichéisme ; plutôt que de rendre consultatifs ces avis, il eut été préférable de fluidifier les relations entre élus locaux et ABF, et ce, afin de renforcer la protection patrimoniale et la liberté d’action des collectivités territoriales. C’est le sens des amendements que j’ai défendus cet été, en séance publique.

D’autre part, la construction d’aujourd’hui façonne le patrimoine de demain. Or, le projet de loi ELAN porte un coup indéniable à la politique architecturale. Il est ainsi possible de citer l’abrogation du concours d’architecture pour la construction de logements sociaux, dont le symbole politique interroge ; la déconstruction de la loi MOP, gage de qualité architecturale pour les édifices publics ; la pérennisation des marchés dits de conception-réalisation, sans étude préalable, qui risque de fragiliser le tissu des TPE-PME notamment et d’entraver l’innovation architecturale.

Alors qu’au sein de la loi LCAP, promulguée il y a à peine deux ans, la qualité et l’innovation architecturales avaient été érigées en priorités, le Gouvernement et la majorité présidentielle effectuent un impressionnant retour en arrière, en épousant le credo de construire à tout prix à bas coût. L’objectif de construire plus ne sera peut-être pas atteint, mais celui de construire mieux est désormais clairement illusoire. C’est cette vision que j’ai combattue pendant l’examen du texte ELAN.

Par conséquent, si nous ne pouvons que nous réjouir de la mise en place du Loto du patrimoine, nous devons prendre garde à ce que cette annonce ne constitue pas l’alpha et l’oméga de la politique patrimoniale publique. Elle doit être complémentaire à l’engagement de l’Etat et des collectivités territoriales en la matière. A l’aube du projet de loi de finances pour 2019, souhaitons que la cohérence du discours présidentiel sur le patrimoine se reflète dans les crédits qui lui seront alloués, ainsi que dans les dispositions de la future loi ELAN, afin que nous ne soyons pas, une fois encore, dans un jeu de dupes !