Parole sur l’article 25 de la PPL sécurité globale ou pour la défense de l’amendement de suppression du groupe

Monsieur le Ministre,
Mes Chers Collègues

Si j’ai souhaité intervenir sur cet article 25 de la proposition de loi c’est que je considère qu’il n’est vraiment pas une solution et plus que cela, il soulève beaucoup de questions et pourrait même représenter un danger. Son bien-fondé ne repose absolument pas sur des éléments tangibles, objectifs, mais sur des suppositions voire même sur l’établissement de scénarios alternatifs.

S’il est possible d’imaginer qu’un gendarme ou un policier, armé et hors service, peut aider à la résolution d’une infraction constatée en direct dans un ERP, de la même manière, il est tout à fait plausible qu’un accident puisse se produire, l’arme pouvant tomber dans la foule ou être subtilisée, un mouvement de panique pouvant être déclenché, une falsification de carte de police être opérée, en somme, rien ne prouve qu’un policier armé dans un ERP puisse apporter plus de sécurité. Et justement, il faut sortir de cette logique simpliste qui voudrait que plus d’armes dans l’espace public soit synonyme de plus de sécurité

Si je dis cela c’est, qu’aujourd’hui, la possibilité qu’un policier ou un gendarme entre armé, hors de son service, au sein d’un ERP est ouverte. Mais bien sûr, l’état du droit ne l’interdit pas, mais le responsable peut lui opposer un refus. Et je pense qu’il est essentiel que ce dialogue ne soit pas rompu parce que, aujourd’hui, il a eu très peu d’accident même si on sait pourquoi cet article est arrivé là. Mais il faut faire confiance aux responsables d’établissement et notamment aux lieux culturels, qui connaissent leur lieu et leurs publics.

Alors pour terminer je voudrais vous dire, mais mon collègue le disait, tout le secteur culturel est à l’arrêt depuis un an. L’un des succès de la relance de ce secteur sera surement la confiance retrouvée du public et je ne suis pas certaine que cette disposition y contribue vraiment.

Et enfin, plus fondamentalement, cet article 25 représente un changement de paradigme civilisationnel qui nous rapproche d’autres modèles, à mon avis très éloignés de notre culture collective et publique.

Alors, il ne faut pas se résoudre à banaliser ce sujet, comme nous n’avons pas à confondre le renforcement de la sécurité des Français au quotidien par des moyens effectifs et pertinents, et le renforcement de l’illusion sécuritaire auquel appartient, définitivement, ce dispositif.