Projet de loi de Finances pour 2020 Mission Sport, jeunesse et vie associative

INTERVENTION MISSION SPORT, JEUNESSE, VIE ASSOCIATIVE PLF 2020 – 3 minutes

Monsieur le Président,
Monsieur le ministre,
Mes chers collègues,

La problématique principale posée par le programme 163 réside dans son déficit de cohérence et dans la difficulté à saisir quelle est la véritable vision du Gouvernement en faveur de la jeunesse et de l’engagement citoyen.

L’illustration la plus évidente de ce constat est l’absence d’articulation réelle entre le service national universel et le service civique, alors même que ces deux dispositifs ont comme point commun majeur de vouloir renforcer la culture de l’engagement.

Pire, l’expérimentation progressive de l’un freine la montée en puissance de l’autre. En effet, le service civique, pourtant bien identifié et estimé par les 16-25 ans -90% se disent enthousiastes à son évocation, semble avoir atteint un plafond, cette année, faute de crédits suffisants. A cet égard, le nombre et la durée des missions auraient été affectés, freinant ainsi cet « enthousiasme » et questionnant les structures d’accueil quant à l’avenir du service civique.

Afin d’atteindre la cible de 150 000 jeunes, 30 millions d’euros supplémentaires par rapport à la loi de finances initiale pour 2019 seraient nécessaires -soit 17 millions en sus de ce qui est actuellement budgété ; or, ces 30 millions correspondent précisément au montant alloué au service universel qui doit concerner, en 2020, quelque 20 000 volontaires. Par conséquent, Monsieur le ministre, dans un contexte budgétaire particulièrement contraint, pouvez-vous clarifier la position du Gouvernement sur le service civique et son devenir ? Entendez-vous revenir sur la grande ambition initialement attribuée à ce dispositif ?

A titre personnel, j’appelle votre attention sur le fait que le déploiement de dispositifs d’affichage, tel le SNU qui ne dure que deux semaines, se fait au détriment d’une logique d’insertion par l’engagement qui, par essence, ne peut avoir d’effets que sur le temps long. Cette logique d’affichage se retrouve d’ailleurs dans d’autres missions du projet de loi de finances, singulièrement dans le budget relatif à la culture, où l’expérimentation portant sur le pass culture absorbe des crédits qui font cruellement défaut à celles et ceux qui sont à l’origine même de la création artistique.

Parallèlement, il convient de noter que le budget dévolu au SNU sera supérieur de 5 millions à celui qui sert à financer les projets associatifs, alors que la France compte 12,7 millions de bénévoles, 23 millions d’adhérents et que le milieu associatif représente 1,8 million d’emplois. Une nouvelle fois, n’y-a-t-il pas disproportion dans une période où la dépense publique est limitée ?

Enfin, j’aimerais aborder brièvement un sujet qui me tient particulièrement à cœur : celui de l’éducation populaire. Le Conseil économique, social et environnemental a récemment rendu un rapport très intéressant sur l’éducation populaire comme exigence du XXIème siècle. Malheureusement, cette « exigence » ne paraît pas vraiment partagée par le Gouvernement, les crédits dédiés à l’éducation populaire constituant à peine un peu plus de 10% du budget du programme quand, en 2016, ils en représentaient près de 20%. Ainsi, Monsieur le ministre, comptez-vous mettre en place une stratégie visant à redynamiser l’éducation populaire, comme le préconise le CESE, en investissant notamment dans les politiques publiques afférentes ?

Quoi qu’il en soit, en l’état, nous ne pouvons souscrire au budget qui nous est présenté, tant les arbitrages rendus sont éloignés d’une politique claire, affirmée et ambitieuse en faveur de tous les jeunes et de leur désir d’engagement dans la société.

Je vous remercie.