Macron veut étendre les horaires d’ouverture des bibliothèques

20/02/2018 à 14h50
BFM TV

Lors d’un déplacement consacré à la promotion de l’accès à la culture, le président de la République s’est vu remettre, des mains de l’écrivain Erik Orsenna, un rapport préconisant l’extension des horaires des bibliothèques le soir et le dimanche. Objectif : favoriser l’accès à la lecture, pour tous.

« Une bibliothèque est comme une boulangerie. Un service de première nécessité, indispensable ! ». La phrase est de l’écrivain et académicien Erik Orsenna, qui remettait ce mardi au chef de l’Etat et à la ministre de la Culture son rapport commandé l’an dernier, consacré à l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques en France, lors d’un déplacement dans les Yvelines dédié à la promotion de l’accès à la culture.

Les ouvertures le soir et le dimanche en ligne de mire 

Cette mesure, le candidat Emmanuel Macron en avait fait l’une de ses promesses de campagne présidentielle. Mais de nombreux rapports ont déjà été livrés sur la question depuis une vingtaine d’années, sans réels changements.

La remise par Erik Orsenna de cette nouvelle consultation visant à amorcer le chantier de l’extension des horaires des 16.500 bibliothèques et points de lecture de France avait symboliquement lieu aux Mureaux, une commune des Yvelines où la médiathèque a la particularité d’être ouverte tous les dimanche après-midi, et ce depuis 2007. Un succès en termes de fréquentation, et une rareté en France, contre laquelle Emmanuel Macron entend remédier en encourageant les communes à augmenter les amplitudes horaires de leurs bibliothèques, notamment les soirs et week-end, alors que le pays est très en retard sur ce point par rapport à ses voisins.

La France très à la traîne

Emmanuel Macron avait lui-même regretté cet écart entre la France et d’autres pays pendant sa campagne. Il avait ainsi déploré l’ouverture moyenne de 41 heures par semaine des bibliothèques des grandes villes françaises, contre les 98 heures hebdomadaires recensées dans la capitale danoise, Copenhague. Un record

Mais le Danemark est loin d’être un exemple isolé. Ainsi, en 2015, un rapport sur l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques était déjà transmis à la ministre de la Culture d’alors, Fleur Pellerin. L’auteur, la sénatrice d’Ille-et-Vilaine Sylvie Robert y alertait, chiffres à l’appui, sur les très faibles amplitudes horaires des bibliothèques françaises, mais aussi sur leur disparité selon la taille des communes. Ainsi, dans les communes de 5.000 à 20.000 habitants, les bibliothèques ne sont ouvertes que 4,3 jours par semaine, quand elles le sont 4,9 jours par semaine dans les agglomérations de plus de 100.000 habitants.

Les cas de New York, Amsterdam, ou encore Madrid

Dans son rapport, Sylvie Robert évoquait déjà l’exemple danois, mais aussi celui de New York, où les bibliothèques sont ouvertes 88 heures par semaine, ou encore, le cas d’Amsterdam, une ville plus proche de nous, où l’ouverture hebdomadaire atteint 84 heures. A Londres, ce chiffre est de 78 heures. Des amplitudes très larges, qui sont le fruit d’ouvertures les soirs et week-end très généralisées.

Un simple tour sur le site de l’Amsterdam Public Library, l’une des plus grandes bibliothèques d’Europe, permet en effet de constater que celle-ci ouvre ses portes du lundi au dimanche, de 10h à 20h. A Madrid, sept bibliothèques publiques sont ouvertes 24h sur 24, tandis que cinq le sont jusqu’à 1 heure du matin, selon le site officiel de la communauté de Madrid.

En France, malgré un nombre de bibliothèques équivalent à celui des bureaux de Poste, l’ouverture le dimanche est encore loin d’être une évidence. En effet, sur les 16.500 bibliothèques et points de lecture, comme le souligne France 3 Ile-de-France, six bibliothèques parisiennes se sont vues imposer l’ouverture dominicale par la Ville en 2017, et quelques médiathèques et bibliothèques franciliennes proposent elles-aussi ce service.

Une mesure très coûteuse, qui risque de coincer

Mais l’ensemble de la France risque d’avoir du mal à se mettre au niveau de ses voisins. Si Erik Orsenna a préconisé, face au chef de l’Etat, de « changer de rythme » et d' »ouvrir mieux et plus » les bibliothèques, élargir les horaires d’ouverture des bibliothèques nécessite de demander à leurs employés de travailler les soirs et les dimanches. Et la mesure coûte très cher, d’autant plus que le budget des bibliothèques ne dépend pas de l’Etat mais des collectivités territoriales. Autrement dit, Emmanuel Macron ne pourra rien leur imposer.

Le gouvernement a augmenté de huit millions d’euros la dotation générale de décentralisation en faveur des bibliothèques pour les cinq prochaines années. Selon le rapport Orsenna, cela devrait permettre de soutenir « 200 projets d’extension d’horaires », mais reste donc insuffisant.

En 2015, les collectivités locales ont dépensé 1,7 milliard d’euros pour la lecture publique, dont près de 1,2 milliard pour rémunérer les 38.000 agents des bibliothèques, selon le ministère de la Culture.