Le Télégramme

« Besoin de poème ». En soutien à Yvon Le Men

13 janvier 2016 Alain Le Bloas
Anciens maires et parlementaires, l’un a été ministre de François Mitterrand et l’autre cofondateur de l’UMP : le Rennais Edmond Hervé et le Malouin René Couanau ne sont pas d’accord sur tout mais ils sont aujourd’hui unis au sein de l’association « Besoin de poème », pour aider le poète Yvon Le Men à trouver les 40.000 € qu’il doit à Pôle Emploi.
Les poètes n’ont pas la réputation d’être les meilleurs gestionnaires du monde. Pour sa part, Yvon Le Men est plus à l’aise avec les mots qu’avec les chiffres. Toujours est-il que le tribunal civil de Saint-Brieuc l’a condamné à rembourser à Pôle Emploi les indemnités d’intermittent qu’il a perçues durant trois ans, soit 30.000 €, auxquels s’ajoutent des intérêts et des frais d’avocat et de procédure. Une somme qu’il n’a pas, lui qui a choisi de vivre de son art, de son écriture, de ses lectures, de ses recueils de poèmes, de ses conférences ou ses interventions auprès des écoliers. Un choix dont il a cru qu’il pouvait lui valoir le statut d’intermittent.

Pas d’argent, beaucoup d’amis

S’il n’a pas d’argent, Yvon Le Men a beaucoup d’amis. Des vrais, de ceux qui se décarcassent pour sauver sa sérénité et sa liberté créatrice de « révolté de la gentillesse », selon le mot de René Couanau. En quelques jours, 1.800 personnes ont exprimé leur soutien. Il y a là des gens de lettres (Yann Queffélec, Mona Ozouf, Erik Orsenna…), de chanson et de musique (Alan Stivell, Gilles Servat, Tri Yann, Dan ar Braz, François Budet, le compositeur René Abjean…), de théâtre et de journalisme.

Interpeller les parlementaires

Et il y a aussi des gens de pouvoir comme l’ancien ministre Azouz Begag, le vice-président régional à la culture Jean-Michel Le Boulanger, la sénatrice Sylvie Robert, des maires de son pays de Lannion et d’ailleurs. Des élus qui savent organiser efficacement l’action. Edmond Hervé et son complice culturel Martial Gabillard ont pris les choses en main, avec René Couanau, la maire de Plouaret, le chanteur Gérard Delahaye, le président d’Étonnants Voyageurs Michel Le Bris, et l’avocat Raymond Bondiguel. L’association « Besoin de poème » a aussitôt été constituée. Son but : collecter des « présents d’usage » (non, ce ne sont pas des « dons » même si ça y ressemble) pour alléger le fardeau du poète (*). Conformément à leurs anciennes habitudes d’élus, ces soutiens se gardent bien de critiquer la décision de justice qui a mis leur ami en grave difficulté. Et, s’ils regrettent l’interprétation restrictive de la loi par le tribunal, ils auraient souhaité que la loi prenne en compte le fait que « le poète n’est pas un agent économique classique », comme le souligne Edmond Hervé. « Nous allons attirer l’attention des parlementaires sur le cas particulier des artistes », annonce l’ex-député et ex-sénateur. Son espoir : que des précisions soient apportées à la loi de manière à la rendre plus claire et compréhensible pour les poètes de bonne foi. Comme Yvon Le Men, « parce que dans son cas il y a peut-être eu des erreurs mais aucune faute ne lui est reprochée ». *

www.findedroitdequeldroit.fr ou siège de l’association chez le président Edmond Hervé, 7, rue Mathurin-Méheut à Rennes.

Le Télégramme

Besoin de poème. Yvon Le Men va pouvoir rembourser Pôle emploi 

22 mars 2016 à 13h47
Jean-Luc Le Roux

En novembre 2015, le tribunal de Saint-Brieuc avait jugé que le poète Yvon Le Men ne pouvait prétendre au statut « d’intermittent du spectacle vivant ». Et il l’avait condamné à rembourser 30.000 € d’indemnités de chômage à Pôle emploi. Le Trégorrois a alors reçu le soutien de l’association Besoin de poème qui fait savoir, dans un communiqué, que les sommes réclamées vont pouvoir être réglées.

« L’appel à soutenir le poète Yvon Le Men a provoqué une réaction rapide et massive : que toutes et tous en soient remerciés ».

Ainsi commence le communiqué de Besoin de poème, l’association présidée par Edmond Hervé, l’ancien maire de Rennes, qui indique que l’élan de solidarité autour de l’artiste trégorrois a porté ses fruits.

Bien qu’étant l’un des rares poètes français vivant de son art, Yvon Le Men avait préféré jeter l’éponge il y a quelques mois, après sa condamnation par le tribunal civil de Saint-Brieuc, fatigué par une bataille juridique l’opposant à Pôle emploi depuis 2013.

Pas d’argent mais beaucoup d’amis

Ne restait plus alors à l’artiste qu’à payer  30.000 € (29.276 € précisément) due à l’administration, correspondant à trois années d’indemnités de chômage, rondelette somme à laquelle s’ajoutaient des intérêts et des frais d’avocats et de procédure. Heureusement, s’il n’a pas d’argent, Yvon Le Men a beaucoup d’amis.

En janvier dernier, l’association Besoin de poème était spécialement créée pour lui venir en aide. Autour de son président, Edmond Hervé, ancien maire de Rennes et ancien ministre de la Santé, on retrouvait plusieurs personnalités: l’ancien ministre Azouz Begag; Jean-Michel Le Boulanger, le vice-président du conseil régional en charge de la culture;  la sénatrice Sylvie Robert; René Couanau, ancien maire de Saint-Malo et ancien député d’Ille-et-Vilaine; les écrivains Mona Ozouf, Yann Quéffelec et Erik Orsenna; Michel Le Bris, écrivain et directeur du festival Etonnants voyageurs à Saint-Malo; les musiciens Alan Stivell, Gilles Servat, Dan ar Braz, Gérard Delahaye, François Budet, le compositeur René Abjean et le groupe Tri Yann… Ainsi que des gens de théâtre, des journalistes…

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Cette mobilisation a porté ses fruits. »En quelques semaines, la collecte de présents d’usage a atteint les objectifs : les sommes réclamées par Pôle emploi pourront être remboursées. Pour sa part, Yvon Le Men a souhaité prendre en charge les frais de procédure et d’avocats », indique le communiqué signé par les membres du conseil d’administration de Besoin de poème.

Et Edmond d’Hervé, le président de l’association, de conclure : « La réactivité aussi forte du public-lecteur montre combien le travail et le talent de l’artiste-poète, faits d’écriture créative et inspirée, de rencontres chaleureuses, d’animations éducatives, ont construit une adhésion profonde et fidèle, au cours de ses quelques quarante années de carrière, combien aussi la poésie en Bretagne est une expression culturelle de première importance ».