Rapport de Sylvie Robert : 18 préconisations pour les bibliothèques

Antoine Oury – 03.11.2015

Chargée par la ministre de la Culture et de la Communication d’une mission plutôt délicate, la sénatrice Sylvie Robert aura bouclé en quelques mois un rapport sur l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques. Avec tout ce que cela suppose de réflexions annexes, sur les rémunérations, l’adaptation aux équipements ou la communication auprès des publics. Le rapport est désormais entièrement accessible.

Fleur Pellerin a tenu à saluer le travail opéré et « à rappeler le rôle des bibliothèques, lieux déterminants dans la vitalité de notre démocratie, garantes de l’égalité d’accès au savoir et à la culture pour tous, ainsi que du pluralisme de l’information. Ces lieux sont plus que jamais un service public fondamental qui joue un rôle culturel, mais aussi éducatif et social de premier plan dans tous les territoires. » La ministre a également souligné « le travail précieux des bibliothécaires, tout entier attachés à transmettre leur passion du livre et de la lecture. »

 

La question n’est pas nouvelle, et de multiples réflexions, innombrables rapports ont déjà été produits au cours des quinze dernières années. Néanmoins, hier au ministère de la Culture, la sénatrice socialiste Sylvie Robert se réjouissait de la mission que lui avait confiée Fleur Pellerin. Ce rapport « officiel et rendu visible dans l’espace public » propose 18 préconisations, issues des différents entretiens que la sénatrice a pu mener.

 

  • N° 1 : Effectuer un diagnostic temporel du territoire objectivant les rythmes de vie des usagers, examinant leur concordance avec les horaires d’ouverture des bibliothèques et fournissant des préconisations en cas de désynchronisation manifeste. En aval, une évaluation permet de vérifier la pertinence dudit diagnostic.
  • N° 2 : Modifier les textes législatifs et réglementaires relatifs au concours particulier afin d’y intégrer une part de fonctionnement non pérenne. Les bibliothèques nouvelles, comme les bibliothèques existantes, pourraient faire appel à la part fonctionnement pendant trois ans, ce recours étant renouvelable une fois après évaluation. Bien évidemment, dans cette hypothèse, les collectivités auraient la liberté de recourir à la fraction fonctionnement et/ou investissement selon leurs besoins.
  • N° 3 : Augmenter légèrement l’enveloppe de la DGD (dotation générale de décentralisation) pour prendre en compte la nouvelle part du concours particulier relative au fonctionnement. D’un montant de 80 millions d’euros, il est proposé de le relever à 85 millions.
  • N° 4 : Assouplir le ratio m2/nombre d’habitants, qui conditionne l’octroi du concours particulier pour les projets de construction ou d’extension d’une bibliothèque municipale ou intercommunale, afin de mieux tenir compte de la situation et de la dimension intercommunale en milieu rural.
  • N° 5 : Intégrer les bibliothèques, lieux de proximité et d’animation territoriale, aux opérations prioritaires définies à l’échelle nationale dans le cadre de la DETR.
  • N° 6 : Établir une cartographie documentaire territoriale, composante essentielle du CTL (Contrats Territoires Lecture). Par-delà les CTL, cette cartographie apparaît comme un prérequis à tout projet d’adaptation des horaires d’ouverture des bibliothèques en vue de garantir cohérence et complémentarité entre les différents établissements sur le territoire.
  • N° 7 : Encourager le développement des CTL actuellement abondés par le programme 334 (livre et industries culturelles) en les inscrivant parallèlement sur le programme 224 (transmission des savoirs et démocratisation de la culture). Cette recommandation fait parfaitement écho aux objectifs mêmes des CTL, qui soutiennent les politiques en faveur de la démocratisation culturelle, et serait de nature à être une véritable incitation financière.
  • N° 8 : Accompagner les maîtres d’ouvrage en amont de tout projet de construction ou de réfection de bibliothèque pour s’assurer qu’il n’entre pas en contradiction avec les axes stratégiques et les objectifs en termes d’horaire d’ouverture. Sur le modèle d’une assistance à maîtrise d’ouvrage, les DRAC veilleraient à ce que la conception des bibliothèques facilite plus qu’elle ne contraigne leur ouverture sur des temps atypiques.
  • N° 9 : Mieux intégrer dans les cursus de formation initiale et continue les fonctions de médiation du bibliothécaire.
  • N° 10 : Étudier les possibilités offertes par le dispositif du service civique pour développer de nouvelles missions et/ou services annexes à destination de publics spécifiques.
  • N° 11 : Établir une nouvelle hiérarchie des tâches donnant désormais la priorité aux actions de médiation, avec toute la réorganisation interne que cela implique.
  • N° 12 : Faciliter l’équipement des bibliothèques en automates de prêt par le biais d’une aide bonifiée dans le cadre de la DGD (et particulièrement dans l’objectif d’un projet d’adaptation et d’extension des horaires d’ouverture).
  • N° 13 : Une meilleure incitation, pour les catégories A et B, à travailler le dimanche et les jours fériés est à envisager.
  • N° 14 : Proposer un statut spécifique du vacataire étudiant en bibliothèque, sur le modèle du statut des moniteurs étudiants.
  • N° 15 : Encourager la mutualisation des moyens (bâtiments et personnels) par la mise en réseau, notamment dans le cadre intercommunal. Un appel à projets lancé par le Ministère de la culture et de la Communication pourrait permettre à certaines collectivités d’initier ce type de projets.
  • N° 16 : Expérimenter des projets de coopération entre les bibliothèques publiques et les bibliothèques universitaires à l’échelle d’un territoire. Un appel à projets lancé et cofinancé par le MCC et le MESR pourrait permettre à certaines villes candidates d’avancer sur la question de l’accueil des étudiants et des horaires d’ouverture et d’enclencher un véritable processus de collaboration.
  • N° 17 : Lancer une application mobile permettant de connaître les horaires d’ouverture des bibliothèques d’un territoire donné et éventuellement les places disponibles, en temps réel.
  • N° 18 : Organiser sur le modèle de la Nuit des musées une Nuit des bibliothèques dont l’objectif serait de présenter les bibliothèques, leurs collections et l’ensemble de leurs services.

 

Certaines d’entre elles ont été immédiatement adoptées par Fleur Pellerin, comme les possibilités supplémentaires laissées à l’utilisation de la dotation générale de décentralisation, le doublement des subventions pour les Contrats Territoires Lecture, l’organisation d’une Nuit des bibliothèques nationale ou l’adoption d’une application pour informer les usagers des horaires d’ouverture et places disponibles.

 

La sénatrice Sylvie Robert a fait part de sa volonté d’organiser une journée de travail dans le courant de l’année 2016 afin de « poursuivre le travail », et sûrement prendre en compte les premiers enseignements des préconisations réalisées.